Ils voulaient aller reconquérir l’Egypte, attaquer les provinces maritimes du roi de Perse[63]. Il estimait peu ces généraux qu’une heureuse témérité faisait regarder comme de grands capitaines. Mais nous n’adoptons pas à cet égard les idées des poètes, qui, par les opinions extravagantes qu’ils nous en donnent dans leurs ouvrages, troublent les esprits, et tombent en contradiction avec eux-mêmes. Il dit que c’était un homme voluptueux, lâche et timide, qui restait renfermé dans sa maison, où deux esclaves tenaient toujours au-dessus de lui un bouclier d’airain, de peur qu’il ne lui tombât quelque chose sur la tête ; que, lorsqu’il était obligé de sortir, il se faisait porter dans un petit lit fort bas et qui touchait presque à terre ; ce qui le fit surnommer Périphorète. J.-C.) est un homme politique et stratège athénien de la Grèce antique, dont l’importance dans l’histoire d’Athènes a été jugée si primordiale que l’on dénomme souvent le siècle où il a vécu « siècle de Périclès ». Platon, dans son Menexène, quoique le commencement de ce dialogue soit écrit sur un ton de plaisanterie[74], avance comme un fait positif que plusieurs Athéniens allaient chez elle pour y prendre des leçons de rhétorique. Les ennemis, à qui les Athéniens faisaient autant de mal sur mer qu’ils en souffraient eux-mêmes par terre, n’auraient pas soutenu si longtemps cette guerre ruineuse, et s’en seraient lassés beaucoup plus tôt, comme Périclès l’avait annoncé dès le commencement[109], si une puissance surnaturelle n’eût rendu inutiles tous les conseils de la prudence humaine. Une telle conduite leur était inspirée par ses ennemis, qui attribuaient cette contagion à la multitude des habitants des bourgs qui s’étaient retirés dans la ville, et qui, accoutumés à respirer un air libre et pur, se trouvaient, au fort de l’été, entassés pêle-mêle dans de petites maisons et sous des tentes étouffées, où ils passaient des journées entières. Ce n’est point par un pur penchant à l’imitation que nous nous enflammons au récit des actions vertueuses : la vertu seule, par sa force irrésistible, nous attire vers elle, commande à notre volonté, et forme les moeurs par les exemples qu’elle nous offre. Il y a sûrement une confusion entre l’Artémon « périphorète » d’Anacréon (VIème siècle), et l’ingénieur contemporain de Périclès et inventeur de machines de siège. § 11), ἐξηρτημένα < ἐξαρτάω-ῶ (participe parfait passif) : rattachée, fixée, ἀνείμενος, η, ον : participe parfait passif de ἀνίημι : relâcher, ἀνθηρός, ά, όν : en fleur, dans toute sa force, ἀβλαβής : qui ne fait pas de mal, innocent, ὁ οἴαξ, ακος : barre ou timon de gouvernail, gouvernail, παραμυθέομαι-οῦμαι : encourager, réconforter, consoler, ἁφή, ῆς : action de toucher un instrument, κρούσις, εως : action de jouer d’un instrument à cordes, παρεμφαίνω : faire voir en même temps, reproduire, faire comprendre, ἀπομόσαι <ἀπόμνυμι : renoncer par serment, πρωτεύω : être le premier, tenir le premier rang, διηνεκῆ < διηνεκής,ης, ες : continuel, sans rupture ni interruption, ἀνάλωτος : imprenable ; ici, incorruptible, Ἐκφύγοι et παρέχοι sont des optatifs obliques, après un verbe principal au passé (συνέταξεν), μηλόβοτος, ος, ον : brouté par les brebis, ἀνόργανον : qui n’a pas de besoins matériels, ἀπροσδεής, ές : qui n’a pas besoin de (+ génitif), ἀποκαρτερέω-ῶ : se laisser mourir de faim, κατέπρησαν : aoriste de καταπίμπρημι : brûler entièrement. et n’a-t-on pas droit de blâmer ceux qui, abusant de ce désir inné, au lieu de le diriger vers des études honnêtes et utiles, ne l’appliquent qu’à voir et à entendre des choses qui ne méritent aucune attention ? D’autres écrivains ont dit que Périclès fut le premier qui distribua au peuple les terres conquises, qui donna de l’argent aux citoyens pour assister aux spectacles, et leur assigna des salaires pour toutes les fonctions publiques ; que, par ces établissements, il leur fit contracter des habitudes vicieuses, leur ôta l’amour du travail et de la frugalité, leur inspira le goût de la dépense et l’amour des plaisirs[29]. Une pareille conduite eût pu, aux yeux de ceux qui nous en font un crime, trouver son excuse dans la crainte de voir ce dépôt exposé dans Délos à devenir la proie des Barbares, danger qu’on avait voulu éviter en le transférant à Athènes comme en un lieu plus sûr ; mais ce moyen de justification, Périclès nous l’a enlevé. Εὐθὺς δὲ καὶ τοῖς περὶ τὴν δίαιταν ἑτέραν τάξιν ἐπέθεκεν. Outrés de cet affront, quelques Mégariens. R. Flacelière) Contexte : Embellissement architectural de la cité d'Athènes. peser des œufs de mouche avec des toiles d’araignée, Οὔλυμπόνδ᾽, ὅθι φασὶ θεῶν ἕδος ἀσφαλὲς αἰεὶ, ἔμμεναι. Δάμων « dont il faut prononcer brève la première syllabe » : la version la plus courante de ce nom était Δήμων ou Δάμων avec un α long. Il commença par tourner en ridicule les assemblées qu’il tenait chez lui, et ses conversations avec les sophistes. Trois trittyes (une prise dans chaque catégorie) forment une tribu (φυλή) ; la tribu n’a donc pas d’existence territoriale, mais seulement morale ; elle est le cadre de l’administration athénienne : elle fournit les 50 bouleutes d’une prytanie et sert de base au recrutement de l’armée. Ainsi peut s’expliquer l’opposition – traditionnelle ! Il meurt au siège de Cittion, à Chypre, en 449. Périclès, moins riche que lui, et ne pouvant l’égaler dans ces moyens de se concilier les bonnes grâces du peuple, eut recours à des largesses qu’il prenait sur les revenus publics. Cette introduction nous précise donc quel est le projet initial de Périclès dans ses Vies : un projet essentiellement moral, où l’histoire est considérée comme un recueil d’ « exempla« , et destiné à l’édification morale des lecteurs. Sans doute, et déjà même il serait marié, S’il n’eût craint de trouver une femme impudique. Tous ces édifices furent dirigés par Phidias, qui avait seul l’intendance de tous les travaux. Le temps associé au travail pour la production d’un ouvrage lui imprime un caractère de stabilité qui le conserve des siècles entiers. περιίσταμαι (εἰς + acc) : échoir à, aboutir à, ᾧ a pour antécédent ἕνα ; παρ’ᾧ : (celui) chez qui…, διεκόπην < διακόπτω (aoriste passif) : fendre, ἐπιδείκνυμι : montrer (se construit avec un participe complétif), ὀξύς, εῖα, ύ : pointu (d’où l’oxymore, ou l’oxygène, dont l’acidité provenait, croyait-on, du caractère pointu de ses atomes), τὸ ἀγγεῖον, ου : vase ; ici, cavité crânienne, συνωλίσθηκα : parfait de συνολισθάνω : glisser, ἡ ῥίζα, ης : la racine (d’où notre « rhizome »), ἐπιτυγχάνω : atteindre le but, toucher juste, ὑπόκειμαι : être proposé comme objet de recherches, θεωρῆσαι et προειπεῖν sont des infinitifs dépendants de ὑπέκειτο : il s’agissait de…, ἀναίρεσις : action d’enlever, de faire disparaître. » Ce mot fut trouvé plaisant, mais Périclès n’en persista pas moins dans son inflexibilité. Cette digression sur la divination, que Plutarque cherche à « sauver » après avoir semblé rejeter la superstition, n’est pas sans évoquer la doctrine stoïcienne, sur les incohérences de laquelle Cicéron ironisait d’ailleurs dans son De Diuinatione (II, 22-24). Mais Agnon supprima du décret cette dernière disposition ; il fit décider que l’affaire serait portée devant quinze cents juges[103], et que l’accusation serait intentée pour cause de vol, de concussion ou d’injustice, au choix de l’accusateur. Mais Anaxagore, ayant fait l’ouverture de la tête du bélier, fit voir que la cervelle ne remplissait pas toute la capacité du crâne ; que, détachée des parois de la tête, et pointue comme un oeuf, elle s’était portée vers l’endroit où la racine de la corne prenait naissance. ne l’ôtez pas, mais retournez-le : il n’y a pas de loi qui le défende. Quelques auteurs disent que Périclès ne proposa le décret pour rappeler Cimon qu’après avoir fait avec lui, par l’entremise d’Elpinice, soeur de ce dernier, un traité secret dont les conditions étaient que Cimon irait, avec deux cents vaisseaux, faire la guerre hors de la Grèce et ravager les états du roi de Perse, et que Périclès aurait toute l’autorité dans Athènes. La bataille de Coronée, en Béotie, eut lieu en 447 ; elle vit périr entre autres Cleinias, le père d’Alcibiade. Périclès fit son possible pour le retenir, et lui dit, en pleine assemblée, ce mot si connu : « Si vous ne voulez pas en croire Périclès, vous ne risquez rien au moins d’attendre : le temps est le conseiller le plus sage. On ne saurait dire combien Périclès aurait pu être aidé et subventionné de la part des alliés et des rois, sa puissance lui en donnant la possibilité, mais il se conserva tout à fait incorruptible et pur. Et chaque métier encore, tel qu’un général d’armée, tient sous lui une troupe de travailleurs sans profession déterminée, qui sont comme un corps de réserve et qu’il emploie en sous-ordre. Cf. Comme s’il eût produit tous les êtres divers. Les deux trières, Salaminienne et Paralienne, étaient des navires sacrés qui ne sortaient que pour les grandes occasions. Après la chute et le bannissement de ce dernier, il ne conserva pas moins de quinze ans la supériorité sur tous les autres orateurs ; et quoiqu’il eût rendu perpétuel et absolu un pouvoir qui jusqu’à lui n’avait été qu’annuel, il se montra toujours inaccessible à l’amour des richesses. J.-C. à Athènes (Grèce), au sein d'une illustre famille athénienne. Vomit avec fracas la foudre et les éclairs. => revoir les verbes en –μι, notamment ceux en -νυμι. περίαπτον : amulette qu’on porte autour du cou, περιηρτημένος, η, ον < περιαρτάω-ῶ : suspendre autour, ὅση γένοιτο : optatif oblique, après λόγον ἐποιοῦντο, σοβαρός, ά, όν : impétueux, violent, excessif, τὸ καθ’ ἑαυτόν : expression substantivée : « en ce qui le concernait », τῷ πρὸς τὸ κωλύειν ἀδυνάτῳ : neutre substantivé au datif : « par son incapacité à empêcher… », ἂν… ἐχρήσαντο Ῥωμαῖοι : apodose d’un irréel du présent, dont la protase est, τῷ μηδὲν λαβεῖν, τῷ προέσθαι (< προίημι, concéder) sont deux infinitifs substantivés, ἐπεδείξατο (< ἐπιδείκνυμι) : accord avec le plus proche, οὐκ ἂν ἴσως εἴποι τις : parenthèse : « on ne saurait dire », ὅσα [αὐτῷ] παρόν : tout ce qu’il lui était permis… (τὸ παρόν : ce qui est possible, permis, à la disposition de), ὁμοῦ (adverbe : « ensemble ») porte sur πάντα, τὸ πρωτεῖον : la prééminence (ici, acc. plus haut, § 10. Elle est en quatre parties (ode, antode, épirrhème et antépirrhème) et composée en anapestes, d’où son nom. La mort de Phidias eut lieu en 430. Aussi, dans les comédies de ce temps-là, est-elle appelée la nouvelle Omphale, Déjanire et Héra. Périclès, après avoir réduit Samos, se rembarqua. L’exercice d’une profession abjecte décelle, dans celui qui s’y livre, sa négligence pour de plus nobles occupations ; les soins qu’il s’est donnés en s’appliquant à des choses futiles déposent contre lui. Il dit un jour qu’il voyait la guerre s’avancer du Péloponnèse à grands pas. διανομὴ, ῆς : distribution, partage, largesses, προάγω (προαχθῆναι = infinitif aoriste passif) : pousser, exciter à, ἀκόλαστος, ος, ον : intempérant, sans retenue, θεωρείσθω < θεωρέω-ῶ : contempler une chose par l’intelligence, observer : impératif présent moyen-passif, ὑποποιέω-ῶ τὸν δῆμον : capter la faveur du peuple, ὁ φραγμός, οῦ : clôture, palissade – ou lieu enclos. Mais le héraut Anthémocritos, qu’on avait chargé de le porter, étant mort dans sa mission, et, à ce qu’on croit, par le fait des Mégariens, Charinos fit un décret qui vouait à ce peuple une haine implacable, prononçait la peine de mort contre tout Mégarien qui entrerait sur les terres de l’Attique, et ordonnait que les généraux, en prêtant le serment d’usage, y ajouteraient l’engagement d’aller deux fois l’an ravager le territoire de Mégare. Il donna pour prétexte leur refus d’obéir à l’ordre qui leur avait été signifié de pacifier leurs différents avec les Milésiens. (emprunt extrême-oriental, peu clair. revoir les verbes en –μι, notamment ceux en -νυμι, ταών, ταῶνος : paon. ὁοἰκείως ἔχω : avoir des relations familières avec. J’ai donc voulu que la classe du peuple qui ne fait pas le service militaire, et qui vit de son travail, eût aussi part à cette distribution de deniers publics ; mais afin qu’elle ne devînt pas le prix de la paresse ou de l’oisiveté, j’ai appliqué ces citoyens à la construction de grands édifices, où les arts de toute espèce trouveront à s’occuper longtemps. Voilà ce que l’histoire nous a transmis de la vie de ces deux hommes célèbres. J’ai déjà dit que Périclès, qui l’aimait beaucoup, lui avait conféré l’intendance générale des travaux et l’inspection sur tous les ouvriers. Sophocle, son collègue dans le commandement de l’armée, en s’embarquant avec lui, louait beaucoup la beauté d’un jeune Athénien : « Sophocle, lui dit Périclès, un général doit avoir les yeux aussi purs que les mains. LX. Cela dit, au fur et à mesure que le projet des Vies avancera, les héros seront de moins en moins exemplaires (voir les aventuriers Démétrios, Alcibiade, Alexandre, Antoine…), et l’intérêt de Plutarque pour la « psychologie » des personnages l’emportera sur l’aspect moral, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Quelle ombre de tortue XV. J.‑C. Mais sa course maritime autour du Péloponnèse le fit estimer et admirer des étrangers même. On en donne encore une autre raison ; et quoiqu’elle soit rapportée par plusieurs historiens, c’est de toutes la plus mauvaise, Le statuaire Phidias avait, comme je l’ai déjà dit, entrepris de faire la statue d’Athéna ; il était l’ami de Périclès, et jouissait d’un grand crédit auprès de sa personne. Aussi le peuple s’abandonnant à sa fougue, tel qu’un coursier qui n’a plus de frein, ne put être ramené à l’obéissance ; et, comme disent les poètes comiques, il se mit à mordre à l’Eubée et à bondir sur les îles[24]. Il exerçait seul cette vaste domination qui, s’étendant et sur la Grèce et sur les Barbares, était encore soutenue par l’obéissance des nations soumises, par l’amitié des rois et l’alliance des princes. Philo-lettres de Michèle Tillard est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 3.0 non transcrit. Il se livre un combat où les Samiens vainqueurs font un grand nombre de prisonniers, coulent à fond plusieurs vaisseaux ennemis ; et, restés maîtres de la mer, ils se munissent de tout ce qui leur manquait pour être en état de soutenir le siège. III. Périclès, voyant son pilote troublé et incertain de ce qu’il devait faire, lui mit son manteau devant les yeux, et lui demanda s’il trouvait à cela quelque chose d’effrayant et de sinistre. XXX. ἐξονειδίζω : adresser des reproches injurieux à quelqu’un, σχινοκέφαλος, ος, ον : tête d’oignon marin, σκίλλα : ancien nom de l’oignon marin (= ἡ σχῖνος, ου) ; il s’agit d’une plante médicinale méditerranéenne : voir, μόλε : impératif aoriste actif de βλώσκω, μολοῦμαι, ἔμολον, μέμβλωκα : aller, venir, ἑνδεκακλίνος, ος, ον : « à onze lits » = très long. XX. Aussi ce qui rend plus admirables les édifices de Périclès, c’est qu’achevés en si peu de temps, ils aient eu une si longue durée. De même il faut fixer son intelligence sur les objets de méditation qui, par l’attrait du plaisir, dirigent l’âme vers le bien qui lui est propre. On dit qu’Albert Thibaudet relisait sans cesse, dans les tranchées, La Guerre du Péloponnèse de Thucydide, et qu’il y trouvait une explication des événements qu’il vivait lui-même…. VII. La prime offerte est donc de 10 millions d’euros…. Recherchons dans les faits mêmes la cause de ce changement. Cet artiste, en commençant l’ouvrage, avait, par le conseil de Périclès, travaillé et placé l’or de manière qu’on pouvait l’ôter tout entier et le peser ; ce que Périclès ordonna à ses accusateurs de faire[98]. Eschine[72] dit que Lysiclès, simple marchand de bestiaux, homme d’un esprit bas et abject, devint le premier des Athéniens par une suite du commerce qu’il eut avec Aspasie après la mort de Périclès[73]. C’est ce travail dont Cratinos censure la lenteur dans ses pièces : Périclès de ses cris semble presser l’ouvrage. Et ici, Elpinice a entièrement raison de dénoncer l’impérialisme brutal d’Athènes  à l’égard des cités grecques : c’est l’origine de la guerre du Péloponnèse, et à terme de la chute d’Athènes. Ravissent deux beautés du logis d’Aspasie. Mais quand il vit mourir Paralos, le dernier de ses fils légitimes, il fut accablé de cette perte, et s’efforça d’abord de soutenir son caractère et de conserver tout son courage ; mais en s’approchant de son fils pour lui mettre la couronne sur la tête, il ne put supporter cette vue, et, succombant à sa douleur, il poussa des cris et des sanglots, et répandit un torrent de larmes, ce qui ne lui était pas encore arrivé dans tout le cours de sa vie. Ainsi qu’un sage pilote, menacé de la tempête, après avoir mis ordre à tout et disposé toutes ses manoeuvres, fait usage des moyens que son art lui donne, sans s’arrêter aux prières et aux larmes des passagers, sans être touché de leurs souffrances ni de leurs craintes, de même Périclès, après avoir fermé la ville et posé partout des gardes pour la sûreté publique, ne suivit que ses propres conseils, et s’inquiéta peu des cris et des murmures de ses concitoyens. Ils étaient 10, élus par le peuple pour 4 ans. Les vaisseaux étaient prêts à faire voile, et Périclès montait déjà sur sa galère, lorsqu’il survint une éclipse de soleil qui changea le jour en ténèbres, et qui, regardée comme un sinistre présage, remplit de frayeur tous les esprits[112]. Au reste, on peut l’en croire : il connaît l’univers. On raconte qu’étant insulté par un homme bas et insolent, qui ne cessa, durant toute une journée, de lui dire des injures, il les supporta patiemment sans lui répondre un seul mot, et se tint constamment dans la place à expédier les affaires pressées. Quelques uns rêvaient la conquête de l’Etrurie et de Carthage ; et ces projets n’étaient pas sans quelque espoir de succès, fondé sur la grandeur de leur empire et sur le cours de leurs prospérités. A peine il était embarqué, que Mélissos, fils d’Ithagène, philosophe distingué[81], et alors général des Samiens, méprisant le petit nombre de vaisseaux que Périclès avait laissés et l’inexpérience de ceux qui les commandaient, persuade ses concitoyens d’aller les attaquer. τὸ διαλείμμα : intervalle. Un événement merveilleux, arrivé pendant qu’on les bâtissait, fit connaître que la déesse, loin de s’opposer à leur construction, l’approuvait et voulait même y concourir. Mais il s’agit peut-être de vers interpolés. Périclès, en tant que stratège, fut chargé de veiller sur la sécurité de celui qui avait causé la mort de son meilleur ami… et accessoirement d’un des plus grands artistes que la Grèce ait connu !… L’injustice dont Phidias fut victime ne plaide pas en faveur de la démocratie Athénienne. Platon, dans une de ses pièces, introduit un personnage qui parle ainsi à Damon : Dis-moi, nouveau Chiron, si ta haute sagesse. Mais Périclès arrêta cette fougue impétueuse, et réprima l’essor de leur ambition. Il s’agit sans doute ici de l’artiste. Les clérouques sont des Athéniens, pris dans la dernière classe, et qui reçoivent un lot de terre dans les colonies d’Athènes (clérouquies). Mais Héraclide de Pont réfute ce fait par des vers d’Anacréon[86] où cet Artémon Périphorète est nommé plusieurs siècles avant la guerre et le blocus de Samos. Plutarque : Vie de Périclès (chapitres 17-39) Traduction nouvelle annotée par Marie-Paule Loicq-Berger Chef de travaux honoraire de l’Université de Liège Adresse : avenue Nandrin, 24 … De même, Achille ne peut jamais rejoindre la tortue. Périclès en fit raser les murailles ; il ôta aux Samiens leurs vaisseaux, exigea d’eux de très grosses sommes, dont ils payèrent comptant une partie, prirent des termes pour le reste, et donnèrent des otages pour la sûreté du paiement. La demande fut accueillie, et la poursuite de l’accusation se fit devant le peuple assemblé. La maladie affecta tout à la fois les corps et les esprits : les Athéniens s’aigrirent tellement contre Périclès, que, semblables à des frénétiques qui s’emportent contre leur médecin ou contre leur père, ils le traitèrent avec la dernière injustice. On ne le vit ni pleurer, ni faire des funérailles, ni aller au tombeau d’aucun de ses proches. il appliqua aussitôt également, aux affaires concernant son mode de vie, une autre disposition.